Écoumène

œkoumène ou écoumène [ekumDn] n. m.
œcuménée 1858; gr. oikoumenê (gê) ® œcuménique
¨ Géogr. Espace habitable de la surface terrestre.


Ce fut au milieu d’un peuple essentiellement agricole que le concept de culture fit son apparition, et les connotations artistiques qui peuvent
avoir été attachées à cette culture concernaient la relation incomparablement étroite du peuple latin à la nature, la création du célèbre paysage
italien. Selon les Romains, l’art devait naître aussi naturellement que la campagne ; il devait être de la nature cultivée ;
et la source de toute poésie était vue dans « le chant que les feuilles se chantent à elles-mêmes dans la verte solitude des bois ».
(H. Arendt)


Fragments déployés d’un livre ouvert
Photographie : une sorte de contact, de contrat perceptif avec les apparences, le monde n’y offre que sa déchirure dans l’image… « l’image relève d’une logique de l’index » (Dubois)

Citation de textes (écrivains, philosophes, cinéastes)
Travail à partir d’éléments prélevés des lieux que je traverse ou habite. Ici, une séquence d’un travail chaotique mais continu depuis vingt ans : cahiers où s’ajointent textes, citations et peintures, dessins, photographies, collages.

Thèmes :
La relation de l’homme à l’univers
Disparition et mémoire
Agriculture : colere : prendre soin
Les guetteurs
Nous sommes des locataires en ce monde
Cartographies…
Nuages, volcans en éruption : photographies d’écran de télévision
Univers, couche terrestre


« En écrivant, on diffère toujours quelque chose d’important, quelque chose qu’on veut absolument avoir souligné, et on continue, en attendant,
de parler ou d’écrire sur autre chose qui est tout à fait secondaire ».
(Robert Walser)


L’exposition s’articule autour d’un objet photographié il y a quelques semaines, objet qui convoque ou renvoie à plusieurs sources :
réminiscences antiques et force symbolique, voire objet de méditation ; il agit comme un amplificateur renvoyant par-delà son apparence à des zones de perceptions multiples et miroitantes.

Ce récipient aperçu dans une prairie a exercé une force d’attraction étrange comme la révélation de la présence d’un objet archaïque. Les marques laissées par les intempéries en ont transformé l’apparence initiale et lui confèrent l’aspect d’une sculpture. Malgré le matériau « pauvre » dont il est constitué, le temps (dans tous les sens du terme) aura sculpté cet objet comme une œuvre abandonnée, échouée là, entre terre et ciel, recueillant les eaux de pluie (coupe) et faisant office d’abreuvoir. Sa présence singulière dans l’espace s’énonce comme un gardien des seuils (passage intérieur/extérieur, relation terre/ciel…), comme une question entre origine et devenir.

Il appelle plusieurs fonctions : urne, vase, cratère. C’est par ajointement, mise en contact, montage, association que je propose de développer le projet.


1. Vase, abreuvoir, urne, cratère

Le cratère:
• dans l’Antiquité, vase à deux anses, en forme de coupe, dans lequel on mêlait l’eau et le vin
• dépression située en général à la partie supérieure d’un volcan et par laquelle s’échappent des matières en fusion (fumerolles, laves, eau, cendre)

Le cratère d’un volcan éteint : forme aujourd’hui l’emplacement d’un lac, ce cratère ne devient pas lieu en soi, il « représente » au même titre que le lac qu’il contient, une « chose », (une certaine réalité physique, possède ses propres caractères empiriques) qui en tant que telle est située à son tour dans le lieu qui lui est propre : la montagne volcanique en question. Il constitue le champ de présence du sujet : ensemble spatio-temporel informé et rempli par sa présence, « informé » par son découpage, sa forme, sa « trajectoire » s’étend dans l’espace-temps. (Radkowski)

2. Dans cratère : kratos : force, puissance et terre

L’association de ces deux termes déploie une énergie peu commune et semble venir légender une série d’images transformées à partir de photographies de roches (schistes) saisies en bord de mer dans le massif armoricain, non loin du lieu où se trouve le « cratère/abreuvoir ».

L’infini est à l’intérieur de la matière même.
Dire encore la beauté de la nature que l’homme a cru faite pour lui
et qu’il a asservie jusqu’à pouvoir la détruire.


Recueillir l’oekoumène

Œuvrer : une oscillation entre rassembler et séparer comme une obsession entre l’unité des multiplicités et la fragmentation…
Cage dit qu’il s’agit de construire, c’est-à-dire de rassembler ce qui existe à l’état dispersé.
Les choses se sont rassemblées avant nous ; nous n’avons fait que les séparer. Notre tâche, désormais, est de les réunir.


« Le Paradis est comme éparpillé sur toute la terre –
et c’est pourquoi il est devenu méconnaissable.
Ses traits épars doivent être réunis, son squelette habillé de sa chair. »
(Novalis)


La terre et les roches, grottes et schistes, les sables pour célébrer l’univers donné.
Chaque récipient/coupe est dédié à une action liée au travail de la terre : fouiller, piocher, bêcher, sarcler, biner, retourner, écroûter, soigner…


« Tout est réparti entre lumière éblouissante et mort. Ce qu’il y a dans l’intervalle n’existe pas, mais existe quand même,
vivant convulsivement vivant impur et empli jusqu’à la torture. …. Tout est présent et soustrait.
…rayonnement de noir oracle. Ainsi le mal omniprésent en notre monde ne serait que le principe actif de l’altération, qui rend visible,
de cette obscurité « qui porte la lumière avec soi ».
(Birgitta Trotzig)


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